INTRODUCTION : PRESENTATION DES LIEUX


Sous-développement, analphabétisme, ignorance, dépeuplement, aléas climatiques :

tel est le lourd héritage contre lequel nous nous battons depuis plus de vingt ans pour que nos enfants, les générations futures, puissent vivre sur une TERRE plus vivable :

la TERRE de leurs ancêtres.



I-THILOGNE ET SON CONTEXTE

A- Contexte géographique Le Fouta est situé au Nord-Est du Sénégal, entre la Mauritanie au Nord et le Mali à l'Est.

Cette sous-région, partie du Sahel, est principalement habitée par les Toucouleurs et les Soninkés, qui constituent la grande majorité de l'immigration sénégalaise en France.

Enclavée du reste du Sénégal par son éloignement et par un manque d'infrastructures de communication, de pôles économiques, cette partie du Sahel dispose, comme seules ressources, des produits de l'agriculture et de l'élevage (sa population était à plus de 95% des agriculteurs et des éleveurs avant la grande sécheresse de 1973).


 
 

B- Contexte écologique et socio-économique

Durant vingt longues années, de 1973 à 1993, cette sous-région a connu la sécheresse la plus grande et la plus dévastatrice de son histoire, réduisant à néant l'agriculture et l'élevage du terroir.

Sans pluie ni pâturage, les agriculteurs et les éleveurs du Fouta ont été privés de leurs principales sources de subsistance alors qu’elles leur assuraient autrefois l'autosuffisance alimentaire.

Handicapés par cette sécheresse, les hommes en âge de travailler ont été contraints à quitter leurs villages pour la capitale, partant à la recherche d'un hypothétique emploi.

Certains ont prolongé leur émigration vers d’autres capitales africaines ; d'autres sont encore allés plus loin, en Europe et aux Etats Unis.

Tous sont partis avec l'espoir de «trouver du travail» afin de subvenir aux besoins élémentaires de leurs familles restées aux villages.

Ce "long voyage des gens du fleuve" a malheureusement laissé la plupart des villages à l'abandon, vidés de leurs forces vives.

Ne pouvant ou ne voulant pas quitter leur terre natale, les femmes, les enfants et les vieillards sont devenus les seuls habitants.

Alors que les aléas climatiques continuaient de sévir, les conditions de vie sont devenues de plus en plus difficiles voire insupportables.

Les conditions écologiques et économiques désastreuses ont aggravé les problèmes de malnutrition, de santé et d'hygiène, augmentant le taux de mortalité surtout chez les personnes les plus fragiles, nourrissons et personnes de plus de soixante ans.

C'est dans cet environnement hostile et défavorisé que les Thilognois et d'autres villageois ont vécu toutes ces années de sécheresse.
 
 
 
 

II-THILOGNE ET SON EXPANSION : du village à la commune

Thilogne était l'un des plus grands villages du Sénégal avant de devenir une commune en 1997.

Aujourd’hui peuplée de plus de 15 000 habitants, Thilogne est un carrefour à la fois économique et culturel, d'où son appellation «SALNDU FOUTA», «le pilier du Fouta».

La commune abrite l'un des plus importants, des plus anciens et des plus renommés foyers coraniques du Fouta.

D'illustres personnalités religieuses du Sénégal, de la Mauritanie, du Mali et de la Guinée y ont séjourné.

Elle dispose aujourd’hui de multiples infrastructures :

- un dispensaire, devenu centre médical suite à de gros travaux

- d'une poste

- d'une sous-préfecture

- d'un Centre d'Expansion Rural Polyvalent (C.E.R.P)

- de deux écoles primaires dont la première date de 1925

- d'un collège

- d'un forage alimentant la plupart des foyers en eau potable

- d'une «maison des femmes», soit un centre socioculturel actuellement en cours de finition

- et bientôt d'un complexe, «la maison pour tous» (voir «Deuxième partie : conception de nouveaux projets»).
 
 




PRESENTATION DE T.A.D

«THILOGNE ASSOCIATION DEVELOPPEMENT»



I- HISTORIQUE DE L’ASSOCIATION

Désireux de participer au développement de leur village malgré leur départ pour l’étranger, de nombreux Thilognois ont décidé de s’unir dans le cadre d’une association qui, par le dynamisme et la vive mobilisation de ses adhérents, a connu un important essor au fil des années.

A- «des origines de t.a.d… 1°) De «l'Amicale» à «l'A.R.S.T.F» a) «L'Amicale des Thilognois»

A l’initiative de sept sénégalais installés en France, «l’Amicale des ressortissants de Thilogne», formée le 5 mars 1968, a donné naissance, le 25 décembre 1985, à l'actuelle structure.

Les objectifs premiers de l'Amicale étaient principalement des actions de solidarité et d'entraide entre les membres en France.

Sa première action a eu lieu en 1978 soit dix ans après sa création.

Puis, l'arrivée massive de Thilognois en France, après les premières années de sécheresse, a beaucoup influé sur les nouvelles orientations de l'amicale : l'aide au développement est devenue un objectif prioritaire.

b) L' «A.R.S.T.F»

En 1985, l'Amicale s'est transformée en «association-loi 1901» baptisée «Association des Ressortissants Sénégalais de Thilogne en France».

Ses orientations et ses objectifs sont plus clairs et mieux définis.

Le temps et l'action servant d'expérience, les membres du bureau suggèrent à l'assemblée générale de changer le nom de l'association pour lui donner une appellation courte et significative, à l’image de sa nouvelle orientation.

2°) De l'«A.R.T.S.F» à «T.A.D»

a) «Du désir de contribuer au développement de Thilogne... En tant que «Ressortissants», nous avons tenu à contribuer au bien-être de notre commune natale et de sa population, amélioration profitant de plus aux villages environnants.

Nous sommes convaincus que le développement de Thilogne est et sera, avant tout, l'œuvre de ses propres fils.

Ces derniers doivent, les premiers, montrer l'exemple, convaincre les autres de la pertinence de leurs actions de développement.

Concernés au premier plan par l'avenir de leur terroir, de la situation économique et sociale de leur pays, enrichis par l'expérience de leur séjour à l'étranger (autres pays d’Afrique, Europe, Etats-Unis), les expatriés de Thilogne se sont toujours efforcés, depuis plus de trente ans, d'apporter leur contribution au développement de leur village.

Refusant de baisser les bras, de céder à la fatalité, les Thilognois et les Thilognoises se mobilisent et agissent comme de vrais acteurs de développement, soucieux d’une coopération Nord-Sud sans démagogie, sans arrière-pensées, une coopération s’articulant autour d’un «vrai partenariat» pour déboucher sur de «véritables échanges», sociaux, économiques et culturels.

b) ... à la réalité» : création de T.A.D En 1991, l'association change une nouvelle fois de nom et devient «THILOGNE-ASSOCIATION DEVELOPPEMENT».

«T.A.D» : trois mots, trois initiales qui énoncent d'emblée le lieu (d'intervention), l'acteur (l'outil et cadre de travail) et l'action (à mener, l'œuvre à accomplir).

Pour cela, environ 250 adhérents à ce jour, tous bénévoles, cotisent chaque mois, T.A.D bénéficiant aussi de dons de personnes morales et physiques.

Ainsi constituée, T.A.D s’est attachée à convaincre les autres ressortissants de Thilogne installés partout à l’étranger mais aussi les thilognois vivant à Thilogne et à Dakar, de fonder leur propre association pour participer, eux-aussi, aux actions de développement menées au village.

B- …a son épanouissement» Tous, hommes, jeunes, femmes, sur place ou à l’étranger, se sont investis d’une mission de développement en faveur de leur village.

1°) Mobilisation sur place

T.A.D Sénégal comprend deux sections : T.A.D Thilogne

T.A.D Dakar.

Elles portent le nom pulaar, langue locale, "Bural" qui signifie «développement».

L’existence de telles sections est incontournable pour toutes les actions à mener à Thilogne. Elles coordonnent, gèrent et suivent sur place les projets jusqu'à leur terme.

Puis, les actions de sensibilisation lancées par T.A.D France ont porté leurs fruits en d’autres lieux et auprès d’autres générations de Thilognois.

2°) Prolongement à l’étranger

a) T.A.D-Etats-Unis Créée en 1995, cette association compte plus de 200 membres.

Elle a, depuis, participé financièrement à l'ensemble des actions réalisées à Thilogne.

A l'image de T.A.D-France, elle axe principalement son action en faveur du développement de la commune.

b) T.A.D-Gabon Créée en 1997, elle participe, elle aussi, au financement de tous les projets.

Ses représentants se déplacent pour assister aux rencontres inter-associations et participent aux prises de décisions concernant les actions à réaliser à Thilogne et leur ordre de priorité.

c) T.A.D-Italie

Cette section est la dernière créée, les ressortissants de Thilogne en Italie (environ une vingtaine) s’étant réunis en «association-loi 1901» en décembre 1999.

Comme les autres sections, T.A.D-Italie s’inscrit déjà dans les projets à venir : journées culturelles, la maison de Thilogne, etc…

3°) Extension à de nouvelles générations

a) T.A.D-jeunes Cette section a été créée en 1998 à l’initiative de jeunes, garçons et filles, issus de l'immigration thilognoise en France (soit la seconde génération), tous décidés à se mobiliser, organisant manifestations et journées portes ouvertes pour faire connaître leur association, leur pays et leur culture d'origine.

De nombreuses sections ont ainsi vu le jour, dans la région parisienne, mais aussi à Orléans, à Dreux, dans les Vosges.

Comme pour la première génération que sont leurs parents, l'aide au développement économique, social et culturel de leur pays d'origine est une priorité de leur association.

b) Implication des Femmes Un projet de chantier-coopération entre de jeunes élèves en difficultés en France et les Thilognois, autour de la construction, au village, de «la maison des Femmes» a été à l’origine de la mobilisation des femmes, jusque là restées témoins des actions de leurs maris.

Afin de suivre la bonne marche de ce chantier, dont elles sont les premières bénéficiaires, les femmes sur place, ont fondé, en janvier 1999, un Comité de Gestion du Projet, nommant une coordinatrice et des responsables, ouvrant un compte postal, fixant le taux de cotisation devant servir au financement du chantier.

Actives depuis la préparation, elles ont durement participé à la construction du bâtiment, s’organisant maintenant pour son fonctionnement.

Spontanément concernées et solidaires de ce projet destiné d’abord aux femmes de la commune, les Thilognoises en France ont, elles-aussi, décidé de se regrouper, en avril 1999, autour de l’«Association pour la Promotion et l'Intégration des Femmes de Thilogne en France» (A.P.I.F).

Elles ont nommé un bureau, fixé un taux de cotisation mensuel, arrivant ainsi à participer à hauteur de 6 000 francs français au financement de la «Maison des Femmes» à Thilogne.

Trouvant dans ce projet l’occasion de devenir actrices du développement de leur village, comme le font depuis longtemps leurs maris, elles ont choisi de se fédérer autour de valeurs comme l’intégration en France pour elles et leurs enfants, la meilleure connaissance de la culture et du pays d'origine par leurs enfants.
 
 

4°) Création d’une nouvelle section en France

Pour renforcer le soutien apporté par T.A.D France dans le cadre de la construction du centre socioculturel des femmes à Thilogne, une nouvelle section a été créée sur le département de l’Essonne en avril 1999 : Thilogne Association Développement Section Essonne (t.a.d.s.e).

Cette section a notamment servi de support financier, le chantier-coopération réunissant deux classes-relais du département de l’Essonne.

Ainsi, grâce à la collaboration étroite et sans relâche des initiateurs du projet et de l’ensemble de la population sénégalaise, en France et sur place, soutenu par T.AD, cet échange culturel s’est avéré riche d’enseignements pour tous les participants.

La ferme volonté des uns et des autres à parvenir à la réalisation de ce projet a permis de trouver les financements nécessaires (coût total de 278 000 FF) obtenus auprès de divers partenaires, tous convaincus de la pertinence autant culturelle qu’éducative d’une telle action de solidarité internationale.

Dix jeunes en difficultés scolaires, voir sociales, se sont mobilisés durant l’année scolaire, participant aux démarches et recherches de financement. Durant leur séjour de trois semaines

(du 23 juin au 13 juillet 1999), ils ont durement travaillé, encadrés par des artisans professionnels, aux côtés des femmes du village pour la construction des fondations du bâtiment.

Après leur départ, les femmes ont continué à offrir leur main d’œuvre aux artisans.

Au mois de décembre 2000, les travaux de maçonnerie sont terminés, les autres corps de métier prenant le relais.

II- DOMAINES D'INTERVENTION DE L’ASSOCIATION

Depuis sa création, T.A.D s'est toujours efforcée d’améliorer la vie quotidienne des habitants de Thilogne.

A l’origine de multiples projets et actions, elle a ainsi étendu ses domaines d’intervention à divers secteurs, tous facteurs de développement.

A- TAD et la scolarité de ses enfants

Se définissant comme artisans de développement, nous agissons avec nos maigres moyens pour permettre aux jeunes de Thilogne et de ses environs de s'instruire.

En construisant des salles de classe, en équipant le collège de livres, nous participons modestement à la lutte contre l'ignorance et l'analphabétisme qui constituent d’importants obstacles au développement.

Nous sommes persuadés que l'essor d'un pays, d'un village, passe forcément par l'élévation du niveau d'instruction de sa population et que l'égalité des chances suppose la scolarisation de tous les enfants en âge d'aller à l'école.

B- TAD et la sante des villageois

T.A.D a fourni au dispensaire et à la maternité de Thilogne du matériel médical, des médicaments, une ambulance.

Elle a financé l'électrification et l'adduction d'eau au dispensaire et à la maternité afin d'améliorer les conditions de prise en charge des patients.

Elle rémunère actuellement (fonds provenant de T.A.D France, T.A.D Etats-Unis et T.A.D Gabon); deux matrones, deux agents de service et un ambulancier.

Un partenariat avec un centre hospitalier en Europe aiderait à pallier le manque criant d'infrastructures médicales. Il pourrait aussi déboucher sur la formation du personnel de santé exerçant à Thilogne (matrones, aides-soignantes…).

L'équipement du dispensaire en matériel médical et en personnel qualifié permettrait de multiplier les actions de prévention et d’étendre les soins de santé primaire à l’ensemble des habitants de Thilogne et de ses environs.

C- T.A.D et l'équipement de son village

T.A.D a équipé le forage de Thilogne d'une pompe et d'un moteur durant l'été 1994 avec le soutien d' Ingénieurs sans frontières (I.S.F).

Elle a ainsi permis que de nombreux foyers puissent bénéficier de l’eau courante, source de commodité.

Elle tient à poursuivre cette action pour permettre l'extension du réseau de distribution d'eau à toutes les maisons ainsi que sa modernisation, l’approvisionnement quotidien en eau étant encore discontinu.

Dans un avenir proche, il faudra même envisager un deuxième forage pour répondre convenablement aux besoins du village qui s'agrandit de jour en jour.


 



 

CONCLUSION



 
 

Au seuil de l’an 2000, nous souhaitons seulement que Thilogne et ses voisins

entrent dans une ère nouvelle, celle de l’essor économique, de la solidarité,

de l’enrichissement culturel et social et par là-même personnel.

Au sein de Thilogne Association Développement, nous sommes, au fil du temps, parvenus à une collaboration sans frontière et avec toutes les générations.

Grâce à cette mobilisation collective de tous les Thilognois, nous sommes appliqués,

sans compter et sans relâche, à réaliser de nombreux projets.

Nous nous sommes tous engagés à soutenir le développement de Thilogne

en veillant à impliquer, à chaque fois, les personnes restées sur place afin d’éviter

les méfaits d'un assistanat, incompatible avec l’acquisition d’une autonomie économique.

Cette réussite ne saurait nous satisfaire,

les besoins de nos ascendants et descendants étant encore nombreux.

La détermination, la volonté et la mobilisation collectives de l’ensemble

des Thilognois ne peuvent toutefois être suffisantes.

Nous avons certes de nombreux partenaires qui ont tous reconnu

la pertinence et la qualité de nos actions.

Beaucoup nous ont déjà offert les moyens d’un appui au développement de notre commune

et par là-même de notre région et de notre pays.

Cependant, nous avons encore besoin de nouveaux partenaires

désireux eux-aussi de contribuer à l’amélioration des conditions de vie

d’une population en difficultés économiques.

Nous sommes convaincus que la réussite de notre entreprise passe inévitablement

par la solidarité et l’entraide internationales,

sources de soutiens déterminants à la réalisation de nos projets.

Nous gardons l’espoir que les partenaires sollicités nous accompagnerons

et permettrons que nos idées passent de l’état de projet à un fait de réalité,

source de bonheur et de mieux-être pour les populations.